Nu dans le verde de - l'autre [2007]




Pour Olivier Boréel



Dans la tension entre ce mouvement vers toi dans les mots d’un autre

L’instant où tu serais nu absolument nu dans le verbe de l’autre.

Ce lent et tendu mouvement vers cela mais sans jamais l’atteindre.

Non qu’il soit impensable impossible de l’atteindre est-il impensable impossible de l’atteindre jamais.

Y aurait-il une suite toujours à ce mouvement de dénuement où toujours être plus nu toujours être davantage sans fard et sans masque.

L'instant de l’arrêt, de la fin, de la mort, cette tension vers, cette mèche qui se consume avant l’explosion.

Cette tension mouvement vie où tu vis la mort et la vois et la vis.

Instant de la vie tendue vers ta seule mort. Tremblements.

Non pas : que tu dises bien. Mais que tu dises, toi. Toi et personne d'autre. Ces mots, là, et très précisément : ceux-là. Et, le tremblement : de : non pas dire bien, mais dire : par toi, seul. Par ce que tu lis de toi, dans ces mots, là, à l'instant précis où tu les lis, un à un, ce qui les lie, un à un, chacun : l'un à l'autre. Ce qui les lie, un à un, chacun : à toi. Toi qui te lies à eux, à chacun d'eux, toi qui te lis en eux, à chaque instant de ta lecture. Non pas donc bien les lire ni bien les dire : mais : les lier à ta vie, et : à celle de personne d'autre. Les lire comme s'il en dépendait de ta vie, à chacun d'eux. Car il en dépend de ta vie, à chacun d'eux. S'il n'en dépend pas de ta vie, à quoi bon. Les mots à lire ici disent cela. Ce là, oui. Là, il en dépend de ta vie, à cet instant, comme à chacun des instants de ta vie, ici, à l'instant de chaque mot, à l'instant de toi en chaque mot. Car d'avoir fait le choix de les lire, de faire à chacun d'eux le choix de continuer, c'est dire qu'il en va de ta vie. De les lire. Et de te lier, à ta propre vie, par eux. Il ne s'agit pas de représentation, pas là, ou, pas déjà. Il s'agit d'être dans la tension vers chaque instant où se lien à l'instant de toi disant les mots cesse de t'attacher, et te délivre, par le fait de dire. Impensable dans ces conditions qu'il n'en aille pas de ta vie. Et cela, pour ne satisfaire la demande de personne d'autre que toi. Cela dans la nécessité vitale qu'est ta présence, en ce lieu, par ce lien, ce là, donc. La seule demande qui vaille est la tienne seule, dans le tremblement : et de cette solitude, et de ne parvenir à nommer cette demande autrement qu'en la certitude, sans alternative possible, qu'elle est la seule qui vaille, dans l'impossible de ta réponse chaque jour changeante, ta réponse, vécue à chaque instant pour ce qu'elle engage et dit de toi. Et l'impossible, bien sûr, à entendre non comme ce qui "ne se peut", mais comme "ce là qui vient". Voilà. Vois, là, ce là. Et que le tremblement soit celui-ci : de toi à toi : en ce là . Car tu n'as de compte à rendre à personne d'autre qu'à toi-même. A personne d'autre qu'à l'impossible de toi. C'est parce qu'il en va de ta propre vie que tu le fais. Aucune raison de le faire, sinon. Aucune raison de faire quoi que ce soit s'il n'en va de ta propre vie de le faire. Quelque soit l'acte, aucune raison.. Et, quelque soit l'acte, il en va, à chaque de ta vie, de quoi d'autre sinon de ta vie-même. Dans le tremblement de ce là, donc. Non pas : que tu dises bien. Mais que tu dises, toi. Toi et personne d'autre.




[2007]









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